vendredi 23 août 2024

           SOUVENIR  

                      C'était un jour de randonnée au-dessus des gorges de l'Estoublaisse.  

          Je ne sais plus si Ugo faisait partie de la promenade : en fait, il m'était si proche que je garde peu de souvenirs des randonnées que nous avons fait ensemble :  je pense qu'il était toujours présent ! 

           Cette fois là ,Lidia et moi  avancions sur une corniche  qui surplombait les gorges  Nous nous sommes arrêtés sur un petit promontoire où l'on dominait tout le paysage Nous étions assis sur un rocher   les pieds calés sur un autre rocher plein de mousse et de plantes alpines  

           Nous discutions tranquillement quand j'ai aperçu au dessus de nos pieds; sortant de son trou une mignonne petite vipère Comme nous étions immobiles , elle a glissé.en remontant le long du rocher Je la montrerai à Lidia. et nous avons continué a discuter  sans bouger.  tranquillement ' paisiblement ...

           C'était un moment de bonheur parfait Un de ces moments où le temps entre dans une autre dimension ...

vendredi 29 décembre 2023

 

Ugo et Michel






Parmi les immenses populations qui peuplent la terre , très peu revendiquent un authentique athéisme ?


Les religions sont innombrables et certaines déjà éteintes.

Il y a les croyances premières des peuples premiers .


Les religions les plus élaborées qui se sont affinées au fil des siècles  en agglomérant une multitude de dogmes comme le christianisme .

D'autres accumulant les préceptes a suivre obligatoirement.


Il y en a qui développent à l'infini une discussion critique et contradictoire comme les juifs .


Toutes ces religions généralement aboutissent à des conflits meurtriers ou les croyants s'exterminent les uns des autres au nom de Dieu tout puissant et miséricordieux . 

 

 

Pour moi il me plaît de croire comment Ugo s'il a physiquement disparu ; n'a pas perdu le contact avec moi .


'Il attend paisiblement que le rejoigne bientôt un très bon maître qui était pour lui aussi un ami ...

jeudi 4 mai 2023

 

Tu n'es pas là



Déjà, les cistes ont commencé à fleurir.

Les cèdres, les pins ;les ifs sont dans leur poussée annuelle.

Les tilleuls ont leur parure vert tendre. Les rosiers de Banks poursuivent leur montée dans les chênes

Les tortues mâles asaïllent bruyamment et violemment leurs femelles.

Les couleuvres tapies dans les buissons de ronce se préparent à s'accoupler.



                       Mais tu n'es pas là .



En roulant dans ma voiture, ma main cherche ta tête ; ton cou doux comme la soie .

J'attends que tu m'empêches de passer la vitesse.

Mais autour de moi : il n'y a que du vide.



Je m'étais habitué a la solitude avec Toi. maintenant le vide va m'accompagner...

                                       Où es-tu ?

dimanche 2 octobre 2022

 

Le cimetière ; trois petites tortues ...


       Michel remonte maintenant le chemin carrossable qui mène au cimetière.

      Il ne résiste pas à l'envie de tourner la manivelle de la Fontaine et l'éclat de l'eau retentit dans le silence.

      Une fois franchi le portail, sous les grands Cyprès noirs ; le cimetière éclate d'un fouillis désordonné et multicolore ; le désherbant n'est pas encore utilisé et le cantonnier épargne sa peine .

    Au milieu de tous ces massifs  débordants de toutes leurs fleurs, de toutes leurs couleurs, Michel se dirige vers la tombe de Monsieur Béchon. C'est une petite dalle maçonnée entouré de six poteaux reliés par une chaîne métallique.

     C'est un tout petit jardin que Michel entretient en récoltant des boutures de toutes les plantes des autres tombes , en récupérant des graines de toutes sortes , des petits bulbes comme ceux du Stèrbergia Lutea.

     Il entretient cette tombe avec une véritable passion.


    Parfois même Il y est encore à la tombée de la nuit quand les petites vieilles frilleuses se dirigent vers la soupe. Elles lui demandent s'il n'a pas peur de rester là tout seul ? Mais non, il n'a pas peur !

    Peur de quoi ? C'est son jardin à Lui!


   Il sort maintenant par la porte sud qui débouche sur une châtaigneraie . Il s'engage sur la piste de la Malière ; arrivé sur le col , a gauche : un petit oratoire grillagé. Plus bas toujours a gauche, il débouche sur un  champ de vigne enclavé dans les bois .

               Plus tard , Il y trouvera une couleuvre à échelons .

                           Mais ce n'est pas encore le moment ...

               Plus tard dans le champ qui aura été abandonné où subsistent quelques ceps de vignes, il retrouvera quelques tortues.

                          Mais ce n'est pas encore le moment ...


      Il se dirige donc vers un petit sentier qui descend en pente douce vers la Malière . Sur la gauche dans une ravine pleine d'herbe encore verte et tendre, Il sait qu'il trouvera peut-être des petites tortues qui viennent juste d'éclore. Effectivement, il en découvre trois.

        Plus tard, ces tortues se retrouveront au Portugal dans la maison de sa grand-mère qui dira en les contemplant : «  ce sont des animaux stioupides ! «

 

           Pour le moment ; Il vagabonde au milieu des cistes et des bruyères. les pierres brillent , étincellent de leurs éclats de schiste.          Les parfums et les crissements sont puissants tout autour de Lui.      

      C'est la splendeur de l'été , le bonheur de vivre dans la chaleur et la lumière , dans les parfums , dans la plénitude de l'instant présent de son enfance heureuse !!!

jeudi 15 septembre 2022

                            REINE CLAUDE


Le soleil tape si dur que sa lumière cerné et emprisonne le Réel .

Dans la chaleur de l'été Michel et ses petits copains sont suspendus aux branches du prunier.

Ils se gavent de Reine Claude dorées ; dégoulinantes de jus sucré.

C'est alors que la bonne du curé intervient ; elle les menace mais ses cris n'ont aucun effet car si l'arbre est bien dans le jardin du curé ses branches dépassent et se penchent sur la rue .


C'est la rue qui jouxte l'ancienne usine de bouchons. Dans le temps, il y en avait trois qui puisaient leurs ressources dans les immenses forêts de chênes-liège .  c'était l'époque où collobrières comptait plus de 3000 habitants. Maintenant le village s'assoupit dans sa torpeur . Il ést le royaume de quelques enfants qui se suspendent en ce moment aux branches de l'arbre et iront cette nuit viser les lumières du village avec leur fronde .

Comme une volée de moineaux, les enfants se dispersent brusquement et Michel descend lentement le chemin qui mène au cimetière...

             

    A  SUIVRE

jeudi 18 août 2022

J.S. Bach: Orgelbüchlein, BWV 599-644 - Herr Gott, nun schleuss den Himm...

 J.S. Bach: Orgelbüchlein, BWV 599-644 - Herr Gott, nun schleuss den Himmel auf, BWV 617 - YouTube

 

 

Sur une planète perdue au fin fond des galaxies une foule immense attend dans le silence …

Par moments elle ondule doucement tandis qu'une rumeur se propage : Il va venir , Il va être là !

Au centre un podium lumineux que portent les douze chérubins.

Tandis que les voiles flottent au vent ; les Anges musiciens font leur entrée : sous leurs ailes ils sont vêtus d'écailles d'argent qui étincellent comme des lumières …

Ils entament alors le début de : Herr Gott nun schleub den himmel auf …

Ils n'ont pas d'instruments de musique ; celle-ci sourd de de leur corps argenté et la foule la reprend en choeur : des milliards de voix rendent hommage a leur Créateur !


Oui Jean Sébastien est bien là !

dimanche 14 août 2022

 

Un jour je partirai …


Le Séquoia possède un tronc massif et un enracinement puissant. Ses branches souples ondulent sous la bourrasque , brisent sa force et emprisonnent le vent . Il abandonne ses anciennes ramilles déséchées a l'intérieur de son feuillage si bien qu'il apparaît toujours vert ou légèrement bleuté .


Un jour je partirai …


Au matin quand le Soleil apparaît , les tortues émergent du trou qu'elles se sont creusé pour passer la nuit . Elles se réchauffent un long moment puis partent a la recherche de leur nourriture : pissenlits chicorés , des feuilles sèches et je ne sais quoi qu'elles grattent dans la terre.

Quand la chaleur devient trop forte elles s'enterrent a nouveau …


Un jour je partirai …


La couleuvre d'esculape , fine ; piquetée d'argent décrit des courbes douces . Quand on la rencontre elle s'immobilise souvent avant de s'éloigner sans hâte . Généralement quand on la saisit elle ne mord pas ! Nous en avons gardé un couple avec nous en voyage : Angleterre , Finlande puis : Collobrières , Mallemoisson ; Aiglun ; Beaujeu .

Sur Saint Isidore j'en ai relaché 7 de Collobrières ; elles sont noires alors que la race locale est verdâtre . Je les rencontre parfois . J'ai même observé un accouplement et un juvénile !

Un jour je partirai …


C'est le docteur Court-Payen qui avait attiré mon attention sur la longévité de l'If ( 2000 ans environ ) .

Ce petit arbre est très toxique surtout pour les chevaux ce qui explique sa rareté a l état naturel . On ne le trouve que dans des endroits reculés (la forêt de la St Baume )ou planté dans les cimetières de Normandie ; là il atteint une taille remarquable !

Mon amitié pour l'If a débuté dans le vallon de l'herbette a Mazaugues quand j'ai déterré quelques jeunes plants qui ont parfaitement repris!J'avais ensuite trouvé en jardinerie un If pleureur que j'ai cultivé dans une cornue sur le balcon de mes parents !!

Puis nous sommes partis a Collobrières et l'If nous a suivi !

Je l »ai laissé chez Marie Monbel quand nous sommes montés dans les Alpes …

Quelques années plus tard j'ai retrouvé dans une jardinerie de Nice ce même If ( Dovastoniana aurea )et je l »ai planté , tout près , devant la cuisine.


Mon Amie est venue l'habiter …


Beaucoup d'autres sont sur le terrain où ils se ressèment abondamment ..

Certains ont été plantés très près des murs de ma demeure    ( 50cm )

' Je vois alors : dans quelques siècles  : ils seront debout autour des ruines de la maison !


Mais Moi il y aura longtemps que je serai parti ...


 

samedi 31 juillet 2021

 

Dissertation sur ma mort prochaine



Il est des cimetières qui offrent peu de protection comme celui de Trans en Provence qui , pendant la crue de 2010 a éparpillé ses cercueils et ses morts sur plusieurs kilomètres .


Il y a aussi le petit cimetière de St Jurson ; au dessus du village : un petit carré ceinturé de murs épais où il fait bon paresser pour l'éternité ! Les tombes s'inclinent les unes vers les autres et soupirent de bien-être !


Pour moi j 'ai choisi d'être incinéré ; c'est pour éviter que des pseudos-scientifiques déclarent autour de ma tombe, avec assurance : «  nous tenons enfin le maillon intermédiaire entre homo sapiens et homo galacticus !!! « 


Mes cendres vont se dissoudre dans cette terre que j'ai tant travaillé et veilleront sur moi les 14 séquoias bientôt millénaires !

dimanche 14 mars 2021

 


Au matin , en sortant dans le jardin …


La vieillesse c'est devenir progressivement spectateur de sa propre vie .

Les événements passés reviennent inlassablement a l'esprit dans un délire mémoriel qui recompose sans fin les faits a l'intérieur d'un prisme dynamique …


On s'étonne de ce qui a pu être , dans quelle audace , dans quelle insouciance : c'était Moi ; ce n'est plus moi !

On glisse insensiblement vers un hébétement , vers une insensibilité cotonneuse ; on se raccroche a des lambeaux du présent qui ont l'avantage de sécuriser , d'éloigner une angoisse bien présente …

Angoisse encore augmentée par la comparaison du présent et du passé  …


Impossible de s'étourdir , difficile de s'oublier !!!

jeudi 11 mars 2021

 

Printemps a Collobrières


Au printemps Collobrières n'a pas encore les senteurs et les vibrations de l'été . L'air est léger , la lumière changeante obéissant aux caprices des nuages qui courent on ne sait où ?


Dans chaque ravine l'eau suinte ou s'écoule doucement , au fond des vallons l'herbe est verte et tendre et l'on peut , si l'on a de la chance découvrir quatre petites tortues fraîchement écloses …


Le long des sentiers , les bruyères arborescentes vous bombardent d'un pollen blanc et les jeunes pins vous couvre d'une poussière jaune …


C'est le moment où l'on a le plus d'opportunité de croiser la couleuvre d'Esculape en recherche d'accouplement durant la journée . Qu'elle soit sur une branche ou au sol , elle s'immobilise et si vous êtes distrait vous l'enjamberez sans la voir !

 

Dans les rivières l'eau absolument claire offre aux regards toute sa population : barbeaux , chevesnes ou vairons mais aussi des anguilles , grenouilles et crapauds venus pondre et même parfois deux mâles de tortues d'eau en trains de se battre !


Les prés naturels a l'herbe rase sont piquetés de fleurs : anémones , pâquerettes , boutons d'or , marguerites , glaïeuls ; les bois remplis de violettes , de pervenches et c'est le moment de cueillir les pousses d'asperges pour l'omelette !

 

Sur les coteaux c'est l'explosion des cistes roses et blancs , des asphodèles mais déjà l 'été arrive ...

 


mardi 16 février 2021

 


CANAILLE



L'histoire commence avec Sisu ( Sissou ) une chienne fox qui m'en a fait voir de toutes les couleurs !

Elle s'était fait prendre par Jack l'épagneul breton de mon voisin Le Blanquet , j'avais surveillé sa grossesse quand brusquement elle disparut .

Plusieurs jours passèrent et je n'espérais plus la revoir quand elle apparaît , mince fine et très contente d'elle !

Dans l'espoir de retrouver l'endroit où se terrent les petits , nous la promenons en laisse mais sans résultat ; nous la détachons alors et cessons apparemment de lui porter attention : elle se dirige alors vers un vieux terrier de blaireau et disparaît dans ses profondeurs : impossible de récupérer les chiots !!!

Mais au fil des entées et sorties de la chienne , ses petits se sont rapprochés de l'orifice et avec un bâton recourbé j'ai pu les amener a moi !

Ils étaient quatre , truffés de parasites : ces petites tiques qu'on appelle des plombs .


J'ai pu en faire adopter 2 dont Canaille par mon fils Mika .

Quand mon fils est parti en Ethiopie j'ai hérité d'elle et par la suite il ne l'a jamais reprise .


Canaille était une petite chienne de la taille d'un Fox mais avec toute l'apparence de son père l'épagneul breton .


Je l'emmenais en promenade avec sa mère Sisu et c'était une féroce chasseuse : une fois elle avait isolé et bloqué , toute seule , un jeune marcassin . Une autre fois elle m'avait contraint a l'attendre plus d'une heure a la voiture : elle était arrivé titubante et toute gonfle tant elle s'était bourré de gibier ! Une autre fois encore , alors qu'on croisait des chasseurs qui venaient d'abattre un énorme sanglier , elle s'était jeté sur lui et l'avait secoué de toutes ses ( petites ) forces !


Il y a eu l'arrivée de Titou mon deuxième Fox puis celle d'Ugo le Malinois et j'ai dû la tenir enfermée tant elle était fugueuse : les autres chiens partaient a sa recherche et je me retrouvais seul !

En fait Canaille obéissait aussi longtemps qu'on l'avait sous les yeux mais dés qu'un obstacle s'interposait vous pouviez toujours l'appeler : elle n'entendais plus rien : elle était déjà loin !!!

Elle était certainement la plus intelligente de mes chiens , la seule qui grimpait sur l'escalier pour mieux voir ce qu'il y avait dans nos assiettes !


Au cours de l'une de ses escapades , je l'ai retrouvé après plusieurs jours , couchée sur le bord de notre chemin avec une patte arrière complètement pulvérisée . Notre vétérinaire n'a rien pu faire et l'a donc amputé . En fait son handicap la gênait peu et ne l'empêchait surtout pas de fuguer ! Elle trottait allègrement sur ses trois pattes !!!

Quand je venais a la Ruche , mes deux chiens en laisse dont une a trois pattes et qui aboyaient dés la sortie du véhicule ; dans cette rue étroite ça faisait un boucan de tous les diables , je ne passais pas inaperçu et j'étais plutôt fier de mon arrivée !


Et puis Canaille a vieilli : dans la journée je la tenais enfermée , la nuit elle rejoignait les quatre autres dans la maison .

Ugo qui est un chef de meute brutal l'a secoué plusieurs fois sans égard pour son grand age ! Elle a donc refusé de dormir dans la maison et elle restait dehors hiver comme été se protégeant sous la caravane quand il pleuvait ou neigeait …


J'ai essayé de la prolonger le plus possible avec de grosses rations de croquettes et en tenant les autres loin de l'enclos pour qu'elle ait le temps de tout manger car elle mangeait comme un chat !


Les derniers temps j'appréhendais de monter vers l'enclos ; je l'appelais plusieurs fois avant qu'elle ne sorte de sous sa caravane .Elle déployait alors sa vieille carcasse osseuse avant de croquer doucement sa nourriture . Le soir par contre elle attendait devant la porte de l'enclos …


Ce matin Canaille n'est pas sorti , je suis repassé plusieurs fois sans qu'elle réponde a mes appels ; j'ai dû la tirer avec ma fourche courbée , elle respirait encore et poussait des gémissements.

J'avais toujours en tête ma chienne Puce qui avait mis des jours a mourir ,secouée de spasmes et que je n'avais pas pu me décider a l'aider a mourir.

Je me suis laissé le temps de la réflexion : plus d'une heure.

Je l'entendais gémir depuis le hangar où je l'avais installé …

Je l'ai donc tué avec la lourde clef a molette qui sert habituellement a sonner la grosse cloche …


Quand je l'ai prise en main pour l'enterrer j'ai été surpris par son poids : elle pesait très lourd pour ce petit corps décharné ...



jeudi 10 décembre 2020

 

Une apparition


Ce jour là , je me promenais avec Sisou , ma chienne fox , le long de la crête qui sépare Vérignon d' Aups .

Comme a son habitude Sisou s'éloignait de long moments pour poursuivre quelque chimère … Le fox est un petit chien très gai qui vous met de bonne humeur ...quand il est là !

En fait cette chienne , très indépendante , je l'ai aimé passionnément ; elle m'a appris plusieurs choses : la patience , l'indulgence et surtout l'amour sans conditions !


Donc , je l'entendais aboyer au loin , probablement a la poursuite d'un troupeau de marcassins . La crête où j'avançais offrait une superbe vue sur une grande partie du haut var : le Bessillon et même plus loin vers la côte .


Il y a , au centre de cette randonnée , une petite chapelle  où les visiteurs déposent sur un cahier des vœux ou des remerciements ; elle est entourée de quelques cèdres plantés il y a longtemps …

Plus loin une seconde chapelle , partiellement ruinée , n'attire pas grand monde .


Ce jour là , j'entendais toujours des aboiements furieux qui commençaient a m'intriguer .

J'arrivai a cette seconde chapelle , je pénétrai a l'intérieur des ruines ; au milieu un petit autel délabré et devant  ma chienne qui aboyait furieusement .

A ce moment-là je vis s'élever , derrière l'autel : une paire de cornes recourbées !!!

C'était apparemment le Diable qui avait élu domicile , au milieu de ces ruines …

Je rappelai Sisou qui sortit a regret et poursuivis ma promenade ...

samedi 24 octobre 2020

 

 

                            

C'est l'histoire  …



D'un vieux roi qui , malgré son grand age , aime encore beaucoup la chasse .

Comme sa vue a  baissé , ses courtisans qui l'accompagnent a sa droite et a sa gauche ont coutume de lui crier de temps en temps : «  Sire , je ne suis pas le cerf  !!!  »

Le roi part donc a la chasse ; l'un de ses courtisans dés qu'il est visé s'empresse de lui crier : « Sire , je ne suis pas le cerf  !  »

Le roi vise et tire ...

Lorsqu'il lui rend visite a l'hôpital , le blessé lui demande : «  mais Sire vous n'avez pas entendu quand j'ai crié : Sire je ne suis pas le cerf ?  »

«  Et oui , mon bon ami , mais imaginez vous que depuis quelque temps , j'entends  mal et cette fois j'ai entendu : «  JE SUIS LE CERF ! »


Récupéré dans «  Le roi des aulnes  » de MichelTournier

samedi 12 septembre 2020

 

 

 

                                      ROOTS



               Chaque fois que je plante un nouvel arbre acheté en container , j'examine les racines qui se pressent sur la surface du pot en plastique et j'imagine quels vont être les cheminements dans le sol : d'abord le terreau , puis le terreau mélangé avec la terre du lieu , puis la terre préalablement remuée ,puis le sol dur d'origine .
               Je creuse toujours plus profondément et latéralement aux quatre coins pour éviter un contournement des racines

               J'essaye alors d'imaginer leur cheminement dans le sol , loin des regards qui ne correspond pas forcément a la structure aérienne de l'arbre .

               Par exemple un séquoia de forme pyramidale-étroite dans sa jeunesse , ses racines vont vite rencontrer la dure couche de poudingue et s'étaler sur le fond a un mètre cinquante de la surface ( 1 m de terre et 50 cm de sable ! )

                 Cet enracinement n'est pas le plus favorable a la résistance au vent mais le séquoia possède des branches fines et très souples sur un tronc massif , épais : ces branches amortissent l'impact et cassent la force du vent . Je peux dire qu'il a dans ses jeunes années , une bonne chance de résister aux bourrasques qui balaye parfois le terrain et abattent les pins morts des sécheresse successives !

                Maintenant,comme le dit Dani , il n'est pas a l'abri d' un imbécile venu faire du propre avec sa tronçonneuse !!! Il y a les hommes qui aiment les arbres et ceux qui en ont peur ( facteurs d'incendie et d'effondrement sur les maisons!)
                En Finlande on laisse subsister d'énormes bouleaux a un mètre des maisons en bois ; par contre les pays du sud ( Espagne , Italie , Grèce ) ont , au fil des siècles , désertifié leurs territoires .
                J'ai vu récemment a la télévision des villes en Sicile stupéfiantes par une accumulation serrée de minéral et l'absence quasi totale d'arbres !

                Pour en revenir a nos racines : je déplore qu'on ne puisse rien connaître de leur cheminement dans le sol :                                                                                                                           Qui inventera le moyen de radiographier l'arbre souterrain?                                                      Qui nous permettra de constater le rapport entre la partie aérienne et souterraine ?                   Qui nous révélera la splendeur inconnue de leur réseau , la beauté cachée de leur fondement ???

jeudi 3 septembre 2020





UGO

Chaque fois qu'Ugo tue un animal sauvage : marcassin , jeune blaireau ou petit lièvre , il a un comportement bizarre : furtif ; il se tient éloigné de moi comme s'il se sentait fautif  , coupable !

Serait-ce que les chiens ont aussi connaissance de la Loi Morale : « Tu ne tueras point   !!!

Je pense plutôt qu'il y a un soudain retour a l'état sauvage et une méfiance a mon égard ( je précise qu'il laisse tomber l'animal une fois tué : ce n'est donc pas la crainte que je le lui prenne!)

Je vois qu'Ugo est , a ce moment là , très perturbé .
Je l'appelle donc l le plus gentiment possible et quand il se décide a me rejoindre ,
je le caresse pour le rassurer mais il est sûr qu'a ce moment là je n'approche pas mon visage de sa gueule !

mercredi 29 juillet 2020



       

La machine a café


On dit de certains qu'ils ont une araignée au plafond . Moi j'ai une araignée près de ma machine a café . Le matin elle reste tranquille pendant que je prépare ma mixture , sans doute elle en hume avec délices la bonne odeur …

Quand elle est contrariée elle secoue violemment sa toile , mais je m'efforce de ne jamais la contrarier !

Parfois elle remonte jusqu'en dessous d'une tablette d'où elle peut continuer a surveiller .

Probablement attend-elle avec gourmandise le retour de Dani ?


jeudi 4 juin 2020

                             Sans Issue …
      Ce n'était déjà plus la Plaine des Maures mais les premiers contreforts du massif . A l'entrée de la piste un panneau indiquait : sans issue  ...
      Le vieillard s'engagea avec son chien sur ce chemin visiblement pas encore viabilisé . Il descendait en pente douce entre des grands pins et plusieurs ruisseaux le traversaient . Sur le sol humide : des empreintes bizarres , difficiles a reconnaître ; cela se rapprochait d'une patte très large comme celle d'un lama ?
Le sentier continuait a descendre et notre ami estimait la pente car toute descente doit être suivie d'une remontée ! Et a 75 ans on ne gaspille plus son énergie !
      Soudain ; Ugo le malin-ouah , partit comme une flèche et l'on entendit des grognements : un sanglier adulte qui avait dû faire face avant de détaler ! Ouf   ! pas de meurtre de marcassin qu'il faudrait alors achever !
      La mauvaise piste s'engageait maintenant sous de grands arbres ,des chênes-verts relique de la forêt originelle . Le vieillard avançait dans ce tunnel qui s'assombrissait peu a peu . Il s'arrêta un moment pour photographier une flaque qui jouait au jeu des reflets moirés …
      Au détour du chemin apparut la rivière et le gué . Au delà le tracé  remontait et s'engageait dans une forêt claire .
      Il s'arrêta au bord de l'eau . La lumière dure du milieu du jour éclairait l'eau mais violaçait les ombres sur les pierres .
      Il sût alors que c'était cela qu'il cherchait  ...

mardi 19 mai 2020



      Escape …

      Pris de panique le jeune garçon courrait .  Insouciant des branchages qui lui fouettaient le visage , il courrait aussi vite qu'il pouvait . Un ruisseau se présenta devant lui qu'il tenta d'enjamber mais glissant sur la berge humide , il se retrouva a plat-ventre dans l'eau peu profonde . Il reprit sa course et dans son esprit en alerte , il savait que dans les Maures , sur toutes les crêtes , il y a un sentier entretenu par les chasseurs .

      Il gravit donc la pente en ligne droite , se faufilant entre les chênes , les arbousiers et quelques pins . Quand il atteignit le sommet , il se glissa vers une ouverture dans la végétation qui lui permettrait de surveiller en bas d'où venait la menace .

      Il y avait un silence inhabituel ; pas de cigales , pas de cris d'oiseau . D'où il était il pouvait voir le fond du vallon mais il ne distinguait rien et puis un sifflement a ses oreilles suivi de la détonation …
S'il ne voyait rien , il était parfaitement visible et redevenait une cible …

      Il reprit sa course le long de la crête , pendant qu'il courrait son esprit affolé passait en revue les lieux qui auraient pu lui constituer un abri . Dans ce massif de la Verne certaines parcelles étaient totalement impénétrables : il suffirait de se glisser au raz du sol sous les bruyères et les genets épineux et là : attendre : attendre combien de temps ?

      Fort heureusement son agresseur n'avait pas de chien avec lui !
Mais s'il avait la patience de rester là
Il le tirerait quand il sortirait de sa garenne !

      Le garçon s'allongea au sol sur le dos . Son regard perçait les branches qui filtraient le ciel et la lumière                «  d'abord se calmer , calmer les battements de son cœur et puis réfléchir : peut-être suffirait-il de rester ici , immobile , tout un jour , toute une nuit , davantage sans doute « 

             Peut-être le cauchemar disparaîtrait et
                              Et tout redeviendrait comme avant ...

dimanche 17 mai 2020

Collobrières


      Dans mon enfance à Collobrières , je fréquentais peu les enfants du village : ceux-ci me houspillaient en m'appelant «  banette «  (un haricot , allusion a mon nez aquilin )

      J'avais cependant un groupe d'amis voisins , de la famille Natter qui habitaient , le reste de l'année a Toulon . Il y avait d'abord : Marie-Paule , l'ainée puis : René-Jean qui devait , plus tard , se suicider ; Jean-Pierre , le favori de sa mère  car il n'était pas du même père !  et le petit Dominique que chacun portait a son dos quand nous remontions la rivière …

      Sandales plastique aux pieds , on pataugeait dans les eaux déjà basses du Réal-Collobrier , on farfouillait a mains nues dans les racines des aulnes pour attraper les anguilles . Autour de nous des chevesnes mais surtout des barbeaux et les couleuvres vipérines a l'affût au fond de l'eau qui se détendaient et saisissaient souvent un poisson bien plus grand qu'elles !
      On remontait encore jusqu'à la bambouseraie : de magnifiques bambous noirs qu'on chipait au proprio pour se fabriquer nos cannes a pêche …

      Il y avait en ce temps-là une scierie près de la rivière , celle de Guipponi ; et un jour avec René-Jean on trouva entre les piles de planches : une grosse lentilles de verre .Celle-ci avait été dérobée aux illuminations du village et réclamée en vain par la publication du garde-champêtre …
Quand nous l'avons rapportée a la Mairie , on nous a regardé bizarrement ! Le doute était dans l'air ! mais notre innocence nous protégeait !

      Une autre fois l'équipe toujours en vadrouille , Jean-Pierre avait piétiné avec délices le linge étendu a sécher sur l'herbe . Les plaintes étaient remontées jusqu'à Mme Victor et Mme Béchon qui avaient affirmé : «  nos petits enfants ne sont pas des menteurs ! « 

      On visitait aussi les maisons inhabitées qui étaient nombreuses a cette époque ( le village était passé de 3000 a moins de 1000 habitants ) Je me rappelle avoir grimpé , dans une fente entre deux maisons , en appui entre le dos et les jambes !!!

      Nous nous rassemblions avec d'autres voisins sur le toit en ciment d'une ancienne remise où Marie-Paule et Marie-Claude , en tutus , nous régalaient d'une danse artistique ...Tout cela se faisait avec des piaillements qui tenaient tout le quartier au courant de nos faits et gestes !!!

      Particulièrement bruyants étaient les jeux autour de la fontaine : on tournait la manivelle et on dirigeait le jet pour s'asperger ( plus tard la Mairie la ferait fermer pour garantir la sieste des voisins ! )

      Il y avait aussi les razzias sur le prunier Reine-Claude du jardin du Curé jusqu'à ce que la bonne nous fasse fuir !!!


      En ce temps-là , dans les rues , les ampoules étaient presque toutes cassées car c'était le grand jeu , au lance pierre , des enfants natifs du village . Plus tard ils continueraient en truffant de plombs les panneaux de signalisation au retour d'une chasse infructueuse !
Plus tard ils chasseraient de nuit le sanglier avec de puissantes torches !
Plus tard ils se retrouveraient midi et soir au bar chez Borrelo pour écluser de nombreux pastis !
Et le soir mettraient leur femme a la porte pour leur apprendre le respect et la docilité !

      Il y avait malgré les apports d'immigration italienne pas mal de consanguinité car les filiations n'étaient pas garanties .
Il y a eu des incestes , des morts suspectes.
Dans mon quartier les petites vieilles tombaient comme des mouches ; naturellement , elles avaient toutes le même médecin :
Un praticien atypique qui élevait des faisans dans des carcasses de voitures !

      A un certain moment le village s'est pris d'une passion pour l'argent facile ; on a vendu a très bas prix maisons et terrains pour s'acheter : frigidaires , cuisinières , machine a laver ; tous les délices du monde moderne !
Et c'est là que le village a commencé a perdre son âme !
Plus tard pour attirer les touristes toulonnais on multiplierait les fêtes a visée commerciales ; on irait même a faire couler le vin dans la fontaine devant la Mairie !!!


    Mais nous autres , enfants de la ville en vacances a Collobrières ; nous étions protégés                  par notre réelle INNOCENCE .

lundi 11 mai 2020

      La Verne : la pépinière

      C'est un tout petit replat , au fond de la Verne , a 1m50 environ au dessus du cours d'eau , peuplé de grands chênes -verts et d'un bouquet d'aulnes qui se pressent autour de deux sources , anciennement captées .
Dans ces sources coule tout l'été une eau très pure . Il suffit de creuser le marigot que font les sangliers pour permettre l'écoulement : c'est a refaire a chaque fois !

       C'est un lieu sombre , ombré en été mais humide , triste et même sinistre en hiver... Les anciens l'ont appelé : la Pépinière mais il n'y a plus sous ces grands arbres que bruyères et arbousiers : ils ont maintenant pris de la hauteur et envoient vers le ciel leurs rameaux décharnés : au sol un tapis de branches mortes …

      Je suis venu ici , de très nombreuses fois , sans jamais rencontrer personne . J'aime m'y promener avec le sentiment que ce lieu m'appartient et a moi seul . C'est en quelque sorte mon repaire secret !

      La rivière qui le borde reçoit , vers le milieu , un ruisseau affluent , réduit en été a un mince filet d'eau . La vue s'élargit en suivant son vallon et la lumière y pénètre a flots . Une fois en levant les yeux sur la pente boisée d'en face , j'ai aperçu , a travers les buissons , la tête d'un sanglier ! Celui-ci m'a regardé tranquillement et pendant un long moment !

      De nombreux sentiers a demi-perdus que j'ai redécouverts et entretenus par la suite , partent de cet endroit : ils mènent a des petits cabanons en ruine parfois réduits a des pans de murs , a une minuscule placette entre deux ruisseaux où j'ai découvert une tortue , en train de pondre …

Hymne a la Beauté …

Beaucoup pensent que la Beauté est une notion toute relative , certains même en font une affaire individuelle . Pourtant certaines œuvres recueillent une large adhésion et l'on peut dire alors que la Beauté est un concept qui comporte une certaine universalité !

Maintenant se pose la question : où est l'origine de cette beauté ?
D'incertains diront , de manière un peu courte : « elle est dans l'oeil ! «  En fait c'est le cerveau qui est a l'oeuvre ! Mai cela déplace le problème : qu'est-ce qui dans le cerveau attribue un caractère de Beauté ?

Quand on se promène avec un appareil photo , on s'aperçoit que les compositions s'imposent d'elles-même avec une grande abondance :   on peut multiplier les points de vue , les cadrages , zoom ou grands angles , on peut aussi multiplier les vues aériennes et , chaque fois la Beauté est au rendez-vous !

Est-ce l'homme qui décide du caractère de Beauté ?

Mais l'homme et surtout la femme ! sont eux-même un sujet de Beauté !


On peut alors décider avec Novalis que la Beauté préexiste a l'homme qui a été créé par Elle ; qu'elle préexiste a l'univers , qu'elle est dans la Nature ; que la Nature s'est faite dans la Beauté

Que la Beauté est principe de Vie !!!


Souvenirs , souvenirs

Il y a quelques années , j'ai renoué avec un vieil ami et nous avons évoqué durant plusieurs heures d'une ballade dans les bois de Pélenq , nos souvenirs que nous pensions communs …
Il n'en était rien : aucun de mes nombreux souvenirs n'était commun avec les siens !
Durand cette amitié qui a duré plusieurs années , chacun de nous construisait , a partir d'un vécu commun , un édifice uniquement personnel et par là-même pratiquement incommunicable !

Il en est ainsi des immenses foules qui croient vibrer a l'unisson , a l'occasion d'un concert , d'un match de foot , d'une manifestation politique et qui ne sont que des vibrations individuelles juxtaposées !
Tout cela renvoie a la fondamentale solitude de l'être humain trompé dans l'illusion du vécu : «  tout ce que nous voyons ou paraissons n'est qu'un rêve dans un rêve : Edgar Poe « 

La seule solution serait de se réfugier résolument dans le PRESENT mais c'est privilège pour la jeunesse ! La vieillesse restreint chaque jour les possibilités du présent ; elle est coincée par ailleurs entre le poids du passé et la menace d'un avenir proche ...
Le vieux cimetière de Collobrières

    A l'époque de Mm Béchon ce cimetière était mon jardin ; j'y passais des heures a chiper sur les tombes : des boutures , des bulbes , des graines que je replantais sur celle de Mr Béchon qui était vite devenue l'une des plus belles !

    C'était une modeste dalle de ciment entourée de six piquets , eux aussi en ciment et reliés par une chaîne .
En ce temps-là , pas de désherbant et le cimetière , entre ses grands cyprès , était Vivant ! débordant de plantes folles et fleuries : des Nigelles de Damas de toutes les couleurs ou des Sterbergia lutea d'un jaune lumineux .
Tout cela se retrouvait autour de «  ma tombe «  et c'était vraiment la plus belle !!

    A la nuit tombée , quand les petites vieilles quittaient en trottinant le cimetière pour aller chauffer la soupe , elles me disaient en passant :  «  mais tu n'as pas peur de rester seul ici ? «  C'est une idée qui ne m'effleurais même pas !

    Bien des années plus tard , la municipalité ferait arracher les arbres , détruire les tombes , déterrer sans aucun respect les restes humains et louer avec grand bénéfice les emplacements nouveaux pour des tombes a dalles de granit .
        Et là , il y a de quoi avoir peur !!!
             Le petit Jacques

Dans mon enfance : sa mère sur le trottoir , a coté d'un berceau enveloppé d'un tulle noir de mouches ; dans le caniveau l'eau savonneuse coulait …

Le petit Jacques n'avait pas de père mais un grand-père , vieillard farouche et boiteux qui avait un jour , en pleurant , avoué a mon père qu'il était responsable de la venue au monde de Jacques …

Plus tard l'enfant grandirait , pâle , chétif mais malgré tout heureux de vivre .

Et puis , un mauvais coup reçu lors d'une bagarre entre garnements , allait souffler cette flamme vacillante ...
    Mathilde Béchon

Je n'ai que cette mauvaise photo d'elle et de la petite maison
qu'elle occupait avec son mari et où Marie Monbel allait vivre après eux.
     C'était une vague parente et grâce a son invitation chaque été , ma mère pouvait me procurer de vraies vacances .
     En ce temps-là , quasiment pas de voitures et pour les enfants aucun danger dans le village et les environs ; je jouissait donc d'une totale liberté , ce qui était rare avec ma mère d'une inquiétude maladive !
    Cette Mme Béchon était alors veuve , elle habitait au deuxième étage d'une maison près de la place de la Mairie en plein centre d'un village qui comptait moins de 1000 habitants . Elle n'avait jamais eu d'enfants et là était le problème : elle n'avait aucune sympathie pour moi et c'était réciproque !!!
    Elle avait une manie déplaisante qui consistait a critiquer ma mère devant des témoins ( ces reproches en fait ne la concernaient nullement mais s'adressaient aux autres personnes présentes ) ma mère toutefois n'appréciait pas d'être réprimandé comme une gamine !!!
    Dans la même maison , sur le même palier , il y avait la famille Ferrari : une vieille paysanne et ses deux enfants : un garçon et une fille qui approchaient les quarante ans !
    Deux souvenirs : Honoré m'avait fait goûter leur vin et je m'étais écrié sans aucun tact : « c'est du vinaigre ! » Il n'y avait  alors pas de coopérative et chacun faisait son vin …
     Une autre fois une dispute entre les deux vieilles dames avait déclenché les hostilités : » Mme Béchon ! Vous avez pissé dans la remise !!!
    Il est vrai qu'il n'y avait alors pas de toilettes mais un seau que l'on descendait , tous les matins devant la porte et qu'un employé vidait dans une cuve tirée par le cheval ; l'eau savonneuse courrait le long des trottoirs pour le plus grand plaisir des mouches !!!
     Au bout de la rue le maréchal-ferrant travaillait son enclume et posait , dans une odeur de corne brûlée , les fers , sur le cheval qui attendait devant la forge
               Picnic at Hanging Rock

Je viens de revoir ce film pour la 4e fois ; en version anglaise ( la seule que j'ai pu trouver!)
C'est d'une telle beauté que les larmes me viennent aux yeux a chaque fois !

J'ai néanmoins réalisé les multiples renvois a ce qui a constitué peu a peu le vécu de ma propre personnalité et qu'il était donc impossible de partager avec quelqu'un la même émotion !

Car si l'on peut s'entendre sur la beauté des images ou des musiques , le contenu que chacun ajoute a ces images et a ces musiques est uniquement personnel et totalement différent d'une personne a l'autre !
Il y a donc impossibilité d'un véritable partage et même souvent incompréhension absolue et c'est une souffrance !

Cela renvoie donc a la fondamentale solitude de l'être humain !
       Mon maître


Mon maître , quand il me regarde attentivement , dit que j'ai un regard dur , inquiétant . Il devine la trace de mes ancêtres qui déchiraient la vie a belles dents .

Mon maître , c'est mon dieu ; quand il est contrarié , je ressens une douleur , une inquiétude mortelle et je me retourne vers Lotte et Félix pour les punir !

Il y a entre nous des moments de grande intimité : dans la voiture , mais aussi en promenade dans les bois , même si je le quitte quelques instants pour aller saigner un marcassin !

Par contre je déteste quand il laisse monter Lotte sur ses genoux ; je tourne alors autour d'eux et , Lui ne cesse de répéter : NON !   Lotte , elle , me repousse de sa patte arrière , la garce !

Par dessus tout , j'aime le soir quand , avant d'aller se coucher , il pose son front sur ma tête et me caresse les joues : c'est un bonheur presque insoutenable !
Lotte


J'aime beaucoup mon maître , j'aime les longues siestes sur ses genoux où nous nous endormons tous deux ; mais j'aime aussi beaucoup ronger un vieil os , a l'écart de la meute ou déchiqueter une mâchoire de sanglier en remuant la queue …

Quand j'étais jeune , j'étais un peu fugueuse . Maintenant j'ai pris goût aux caresses mais je reste une chienne indépendante et je crois que mon maître est plus attaché a Moi que : moi a Lui !

Ugo , je le supporte avec résignation . Quand il commence a s'énerver , je m'éloigne ; si je ne suis pas assez rapide : je pousse des cris de chiot pour le persuader que je ne suis pas un danger pour lui . Il est si jaloux ! Un peu stupide et très brutal !
Félix


Je ne sais par quelle dérision mon maître m'a appelé : Félix ; j'ai pourtant des ancêtres fameux comme chiens de berger !

Au début j'étais chouchouté par tous ; malheureusement j'ai grandi et je suis devenu le souffre-douleur de Ugo . Dès qu'il est contrarié il se jette sur moi en grondant et me secoue comme un sac de patates !
Comme je ne suis pas un guerrier mais un chien très doux , dès qu'il a fini , je gambade autour de lui pour lui témoigner mon amitié !

Avec mon maître nous profitons , dès qu'on se retrouve seuls pour échanger des caresses mais tout cela doit se faire en silence sinon : du plus loin qu'il soit Ugo revient au galop pour rétablir le bon ordre et me renvoyer a mon insignifiance …

J'essaye , malgré tout de prendre une part de bonheur et pour cela j'ai appris la méfiance , le recul . Quand les deux tyrans rentrent se chauffer près du poêle , je préfère rester dehors ; j'aboie alors beaucoup car je suis un chien féroce !

ETERNITE


Nous ne sommes que trop mortels ; Loin de nous les chimériques espérances !
Personne ne nous sauvera de nous même ; Personne ne rompra notre solitude .

Il est pourtant des lueurs dans l'obscurité qui nous entoure : Jean Sébastien - Novalis - Friedrich et puis : Biber - Schutz - Buxtehude - Froberger et beaucoup d'autres : Leonhardt …

Ils ont vécu de leur vivant l'Eternité et nous l'ont transmise . Nous sommes , nous aussi , Hic et nunc , baignés d'Eternité : Encore faut-il : ne pas se renier !

Courage , Amis : l'Eternité est à notre portée :
Nous pourrons alors , lassés , rejoindre le Néant , le Tout , le Rien , le Lieu :
Notre vraie patrie .

Quand on commence a penser à tous les gens que l'on a aimé , on est saisi d'un vertige

car ils sont tous morts ...et comment justifier de sa présence ici ?
       En s'entourant de Beauté , seul remède au désespoir !!!

La Nature complexifie sans cesse et c'est ce qui assure l'harmonie ; l'homme complexifie sans cesse ce qui l'amène a complexifier davantage ; c'est sans fin et cela ne peut qu'amener la souffrance ! La Nature est notre Mère et devrait être notre seul guide !!!

            On est souvent désemparé en éprouvant la multiplicité qui nous habite ; on peut se désoler d'abriter en soi Tout et son contraire !
                On peut tenter d'élaguer ...
                Mais en vain !
                La voie du renoncement est illusoire
                Plutôt s'inspirer de la Nature : plus les éléments sont nombreux
                Plus s'installe , tangible , l'harmonie !
                A nous de composer a l'image de la Nature ou a la façon de Cézanne : ajouter le vert qui fera flamboyer le rouge ou le noir qui rajoutera de la lumière ...
      Les suites pour violoncelle de Johann Sébastian Bach


A mon sens la meilleure interprétation est celle de Rostropovich mais cette oeuvre , je l'ai aussi fréquenté avec d'autres artistes : Paul Tortelier puis: Jean Guihen Queyras enfin:Pablo Casals .
  J'ai beaucoup de souvenirs qui s'y rattachent : écouté au milieu des bruyères et des arbousiers avant de m'endormir ...
 Pus tard quand je dirigeais mon foyer d'accueil pour SDF, les après-midi étant passablement alcoolisés ; pour éviter les bagarres je leur mettais ces Suites ; c'était très efficace : une moitié s'en allait , l'autre s'endormait immédiatement !

 La culture demande un effort ; il faut aussi qu'on y ait été initié ; quand j'étais enfant,je suppose que c'était quand mon Père écoutais Wagner que la musique Baroque germait déjà en moi !!!

Pour moi le Baroque ,c'est ma Patrie que je rejoindrai , un jour , définitivement

La solitude ça n'existe pas ! c'est seulement une erreur de perception ! A l'écoute de la Musique des temps passés ( mais sont-ils vraiment passés ? ) on participe de la foule immense , mêlée , des morts et des vivants , dans un présent éternel où l'on ne sait plus : Qui est mort et Qui est Vivant ?

                         La Verne


       En ce temps-là le monde était souple et élastique , léger , rapide , changeant ...
      
Dans le lit de la rivière je sautais de pierre en pierre ; en équilibre : recherché , perdu , retrouvé comme dans une danse sauvage ... 
     
Je respirais de toutes mes forces cet air brûlant et parfumé du maquis des Maures : a cause de la chaleur ,  les piles de mon Nikon avaient coulé !

     
En ce temps-là je n'emportais pas d'eau avec moi : je restais des heures sans boire , trompant ma soif avec des aiguilles de pin ,des baies de myrte ou des feuilles de laurier ; parfois , quelle aubaine ! des mures bien granuleuses que leur position haute interdisait aux renards mais pas aux geais qui menaient grand tapage tout au long de la journée !

     
C'était :   La Verne  , ma rivière  , a moi seul car je n'y ai jamais rencontré personne d'humain !

     
Dans ces fonds rocheux et brûlants , je ne me sentais pas seul , j'étais dans le ventre de la Nature qui déroulait ses merveilles devant mes yeux .
     
Je crois qu'alors  , j'étais parfaitement heureux !


         La Verne 2

   Dès qu'on s'éloigne du lit de la rivière , qu'on gravit avec peine des pentes abruptes peuplées de chênes-liège et de filarias , de bruyères et d'arbousiers , de genévriers et de cistes : c'est une nature sèche où l'on ne rencontre guère que des couleuvres , lézards et autres reptiles ; un milieu où l'on progresse difficilement , quelquefois même a plat-ventre sous les touffes denses , le pire étant les arbousiers pleins de branches mortes qui vous griffent le visage …

   Je ne parlerai pas aujourd'hui des quelques bois de splendides chênes-vert généralement dans le fond des vallons ni des châtaigneraies relictuelles qui abritent souvent un cabanon en ruine .
   Non , je vais rester sur le lit de la Verne , les pieds , les jambes , parfois jusqu'à la ceinture dans une eau moirée qui précède la sécheresse de l'été ; laquelle , laissera subsister seulement quelques trous d'eau .

   Dans cette rivière abondent les fougères royales , celles qui présentent leurs panicules de spores en bout de tige  comme des bouquets ; fougères d'un vert tendre qui prospèrent sous l'ombre des aulnes ( également appelés : vernes )

   J'avance dans le lit de la Verne , en essayant de ne pas glisser et me retrouver assis dans l'eau ! Il y a là tout une végétation spécifique au cours d'eau : des houx , des lauriers , des tiges de salsepareille qui grimpent dans les arbres en se mêlant aux clématites , des frênes au troncs suppliciés par les crues de l'hiver , des aubépines , des nerpruns , des touffes de ronces qui se mélangent aux buissons de myrte et aux fragons avec leur boule rouge au dos de la feuille !!!
   Il y a là aussi des bancs de sable doré , des amas de branchages déjà usés par les courants de l'hiver car cette rivière peut avoir un débit considérable !

   Par endroits la végétation recule , la Verne coule alors entre des parois rocheuses aux schistes déchiquetés et c'est le domaine des grenouilles et des tortues .
Aussi prudent que l'on soit , elles vous distinguent de loin et vont se réfugier dans l'eau !
Si l'on a un peu de patience , au bout d'un moment , tout ce petit monde vient risquer un œil en surface , mais , même si l'on ne bouge pas , il vous a vite identifié comme silhouette suspecte et replonge aussitôt !

Var-Variations -souvenir de Marie Monbel:   Flora. Flora, , une je...

Var-Variations -souvenir de Marie Monbel:   Flora. Flora, , une je... :   Flora. Flora, ...