lundi 11 mai 2020

                         La Verne


       En ce temps-là le monde était souple et élastique , léger , rapide , changeant ...
      
Dans le lit de la rivière je sautais de pierre en pierre ; en équilibre : recherché , perdu , retrouvé comme dans une danse sauvage ... 
     
Je respirais de toutes mes forces cet air brûlant et parfumé du maquis des Maures : a cause de la chaleur ,  les piles de mon Nikon avaient coulé !

     
En ce temps-là je n'emportais pas d'eau avec moi : je restais des heures sans boire , trompant ma soif avec des aiguilles de pin ,des baies de myrte ou des feuilles de laurier ; parfois , quelle aubaine ! des mures bien granuleuses que leur position haute interdisait aux renards mais pas aux geais qui menaient grand tapage tout au long de la journée !

     
C'était :   La Verne  , ma rivière  , a moi seul car je n'y ai jamais rencontré personne d'humain !

     
Dans ces fonds rocheux et brûlants , je ne me sentais pas seul , j'étais dans le ventre de la Nature qui déroulait ses merveilles devant mes yeux .
     
Je crois qu'alors  , j'étais parfaitement heureux !

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