lundi 11 mai 2020

La Verne 4

    L'été , c'est la plus belle saison que l'on aimerait prolonger tout au long de l'année …
    La saison du bonheur de vivre a l'unisson de tous les animaux qui sont autour de la rivière : les poissons mais surtout les reptiles !
    Sur les berges on rencontre la couleuvre d'esculape , animal mythique pour moi , célébré par les grecs et les romains , origine du caducée . Elle s'immobilise devant vous et l'on peut passer sans la voir . Quelquefois elle se laisse manipuler sans chercher a mordre ; elle toute fine , toute belle dans une tonalité qui varie du gris au noir , ponctuée de minuscules traits d'argent produisant un scintillement . Elle se nourrit de petits rongeurs et d'oisillons qu'elle va cueillir en grimpant dans les buissons .
    Dans l'eau on aperçoit la couleuvre a collier qui , elle , se nourrit uniquement de batraciens ; mais , plus souvent , la couleuvre vipérine . Celle-ci a le marquage de la vipère mais une tête ovale , un corps long et fin ; quand elle se sent menacée , elle souffle comme la vipère et comme elle projette son visage mais gueule fermée . Sa défense bien plus efficace est de vider ses intestins sur la main qui l'a saisi et c'est une odeur très désagréable ! Elle chasse uniquement des poissons ; je l'ai vu parfois avec dans sa gueule ,un barbeau plus gros qu'elle !

    En été on avance au soleil ou a l'ombre dans une vibration continuelle orchestrée par les cigales qu'on finit par ne plus entendre .  On est saisi par la chaleur , réconforté par l'ombre . Dans cet univers enchâssé de la Verne il y a trop a voir , trop a sentir , trop a entendre : tout est trop !!!

   A mesure que la rivière s'assèche , la vie se concentre dans de grands trous d'eau creusé dans la roche schisteuse . Dans ces grands bassins l'eau prend , peu a peu une teinte sépia . Sa surface est trouée par les poissons qui halètent en manque d'oxygène , ridée par le ballet des cordonniers , frôlée par le vol des libellules …
   Cette eau , bientôt noire m'attire , elle me fascine …
A la différence de Narcisse je n'y contemple pas mon visage mais pressent qu'elle est une porte d'entrée vers l'inconnu que chacun de nous porte en lui …

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